Meurtre en Mésopotamie, Agatha Christie

Ce dimanche, je vous présente une des plus effrayantes histoires qu’il m’ait été donné de lire : Meurtre en Mésopotamie. J’ai découvert ce roman pour la première fois sur le petit écran dans l’adaptation d’Hercule Poirot par David Suchet et cet épisode en particulier m’a traumatisée. J’ai toujours été une grande fan d’Hercule Poirot, je me souviens encore de quand ça passait à la télé et cela avait un délicieux goût d’interdit lorsque mes parents m’autorisaient à me coucher un peu plus tard pour regarder les enquêtes du célèbre détective belge…Les premières notes un peu jazzy du générique suffisaient à me faire accourir depuis ma chambre jusqu’au salon…Seulement voilà, un jour j’ai découvert Meurtre en Mésopotamie et celui-ci plus que tous les autres m’a fait faire des cauchemars et j’ai longtemps attendu avant de me plonger dans la lecture de cet épisode en particulier. Il y a d’abord la violence extrême avec laquelle les victimes sont assassinées : l’une avec une meule à grain, l’autre à l’acide…Il y a également l’atmosphère très particulière du roman, l’Irak, la chaleur, la poussière et bien sûr les excavations, les artefacts, les squelettes, les fouilles…Pourtant, au delà de son aspect effrayant, Meurtre en Mésopotamie et aussi l’une des intrigues d’Agatha Christie les mieux construites…

Il y a quelques mois, à l’occasion d’un voyage à Liverpool, j’en profite pour faire quelques emplettes, les livres et VO étant toujours difficiles à obtenir en France. J’entre dans ma librairie favorite et là, bien sûr, je craque ma tirelire et achète plusieurs livres et en couverture rigides s’il vous plait ! J’achète Le cadavre dans la bibliothèque dont je vous ai déjà parlé ici et Meurtre en Mésopotamie que voici.

L’intrigue (/!\ Attention, quelques spoilers mineurs)

Notre histoire commence avec une infirmière, l’infirmière Leatheran qui a été sollicité par un célèbre archéologue, le Docteur Leidner pour prendre soin de sa femme, Mme Louise Leidner qui souffre de troubles de l’anxiété. Avant même de rencontrer sa patiente, elle entend sur elle toutes sortes de ragots. Mrs Leidner surnommée « Lovely Louise » est une femme magnifique et pleine de charme, une femme qui aime être au centre de l’attention. Certains prétendent que ses frayeurs ne sont qu’une façon pour elle d’attirer l’attention, d’autres comme le Docteur Leidner soutiennent qu’elle a réellement peur pour sa vie…Difficile de démêler le vrai du faux.

L’infirmière rencontre Mrs Leidner dans les baraquements qu’occupent les membres de l’expédition. C’est une femme charmante, très jolie, agréable et douce. Encouragée à la confidence par le tempérament généreux et maternel de l’infirmière, Mrs Leidner lui avoue qu’elle reçoit depuis quelques temps tout un florilège de lettres menaçantes. Tout a commencé quand durant la guerre, elle s’est fiancée à un Allemand Frederik Bosner. Elle a malheureusement découvert qu’il était un espion à la solde de l’Allemagne et l’a dénoncé. Son père qui travaille pour le gouvernement lui dit qu’il devait être fusillé mais est parvenu à s’échapper pour trouver la mort dans un accident de train. No harm has been done puisqu’il est finalement mort d’une façon ou d’une autre de l’avis de son père mais est-il vraiment mort ? Il a échappé à une fusillade, ne pouvait-il pas échapper également à un accident de train ? Toujours est-il qu’alors que Mrs Leidner est sur le point de se remarier, elle reçoit une lettre la menaçant de mort si elle trahit la mémoire de Frédérik Bosner en se remariant à un autre et cela ne s’arrête pas là…A chaque fois qu’elle se lie avec un homme, elle reçoit une nouvelle lettre…

Les années ont passées et Louise Leidner a épousé le Docteur Leidner et cette fois, aucune lettre à l’horizon…Elle vit presque deux ans sans rien recevoir et un matin, une nouvelle lettre prétendument de Frederik Bosner lui disant qu’il ne l’a pas oubliée…Elle a trahi sa mémoire et doit mourir puis une seconde lettre avec pour seul message « Je suis ici« . C’est déjà suffisamment effrayant comme cela sans même mentionner le masque blanc qui apparaît parfois à la nuit à sa fenêtre et les mystérieux grattements qu’elle entend sur son mur…Louise Leidner est terrorisée…Son ancien mari est-il revenu d’entre les morts pour la tourmenter ? Est-ce une farce macabre de la part des autres membres de l’expédition, dont certains semblent franchement la haïr ?

Toujours est-il que Louiser Leidner est retrouvée morte un après-midi étendue sur le tapis de sa chambre…Personne ne pouvait pénétrer dans la résidence, il n’y a qu’une seule entrée possible et c’est par la porte principale qui est surveillée…Tout porte à croire que c’est l’un des membres de l’expédition qui a fait le coup…

Mon avis :

Intrigue : B

L’intrigue est assez classique. Comme souvent chez Agatha Chrisitie, le passé rejoint le présent et surtout, il ne dort jamais. A l’image des ossements que l’on déterre du site des excavations nous révélant de précieux indices sur l’histoire, on apprend à travers les personnages le lourd passé de Louise Leidner. A chaque nouveau chapitre ce sont des nouvelles pièces du puzzle qui se mettent en place. Elles s’imbriquent les unes dans les autres jusqu’à former un tout cohérent que révélera le grand détective le moment voulu.

Personnages : A

La psychologie des personnages est fondamentale dans les enquêtes d’Agatha Christie et cette fois, l’histoire toute entière tourne autour du personnage de Louise Leidner, une femme puissante et charismatique qui semblent laisser une empreinte partout où elle va…Qu’elle suscite la passion, la haine, la jalousie, la peur ou l’attirance, une chose est sûre c’est qu’elle ne laisse personne indifférent. Impossible de résoudre cette enquête sans appréhender les grandes lignes de son caractère…

Atmosphère : C

Dès les premières minutes de son arrivée, L’infirmière ressent comme une appréhension, une certaine tension qui se manifeste surtout durant les repas…Personne ne se parle, l’atmosphère est lourde, pesante…Je regrette que cette atmosphère n’ait pas été davantage travaillée et on ne ressent pas l’angoisse et la tension qu’il y a dans un « Dix petits nègres » par exemple probablement parce que le personnage qui raconte l’histoire (ce qu’on appellerait dans le jargon un narrateur homodiégétique) n’est pas elle-même sensible ou impressionnable. C’est une jeune femme solide et cohérente, raisonnable avec les pieds fermement ancrés sur terre. Dommage qu’il n’y ait pas eu ce petit frisson que l’on ressent dans certains romans policiers…

Style : D

Le style est volontairement simple et informatif puisqu’il est raconté à travers les yeux de l’infirmière. Tout est fait pour coller au personnage et ce n’est pas un chef d’oeuvre littéraire. Il n’y aura pas ici de belles phrases, d’envolées lyriques ou de jolies images comme vous vous en doutez surement…

Accessibilité : A

Meurtre en Mésopotamie est une lecture très facile, très abordable. C’est rythmée, il y a beaucoup d’actions et tout est bien expliqué. Ce n’est pas très long, ce qui en fait une lecture idéale si vous ne voulez pas passer trois plombes sur un livre ou si vous êtes un petit lecteur. J’ajoute que c’est abordable en VO à condition d’avoir un niveau moyen. Il n’y a aucun vocabulaire spécifique et la syntaxe est simple.

Général : B

Une intrigue bien ficelée, des personnages dont la psychologie est cohérente, réaliste, Meurtre en Mésopotamie est un excellent roman dans son genre. L’enquête est bien menée, les indices laissés sur le chemin comme autant de petits cailloux blancs finissent par vous mener à la résolution du mystère…A moins que comme l’infirmière vous ne vous égariez dans les chemins de traverse.

En Bref :

Une lecture très simple, bien reposante et ma foi appréciable après avoir lu Anna Karénine qui ne joue quand même pas dans la même division, tant au niveau de la complexité que de la longueur ! Je l’ai lu très facilement et je suis contente de m’être replongée dans cette histoire qui avait laissé une telle impression sur mes jeunes années ! Disons juste que maintenant, j’y réfléchis toujours à deux fois avant de laisser un verre d’eau sur ma table de chevet, ceux qui ont lu ce roman sauront de quoi je parle je pense !

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